(f/libre) emma stone ☎ amitié compliquée, premier amour

La terre aride, le souffle chaud du vent. Cet été caniculaire je m'en rappellerai toute ma vie. J'avais cinq ans. Tête blonde et corps chétif, je traînais dans le champ de blé avec mon père. Dès qu'on apprenait à marcher dans la famille on devait aller aider aux champs. C'était une sorte de rituel. J'étais assis par terre, chapeau de paille sur la tête à regarder mon père faucher le blé. « Regarde bien Harry, bientôt ce sera ton tour. » Je levais les yeux vers mon père. Ses cheveux blanchissaient, il avait la peau mat dû au soleil. « James ! Harry ! Venez manger les garçons ! » Je me levais précipitamment, courant pour rejoindre la petite maison. Ma mère était sous le porche, tenant ma sœur dans les bras, un beau bébé de six mois qui m'empêchaient de bien dormir la nuit par moment. Pourtant mes yeux se posaient sur une maison non loin de là. Inhabitée depuis que j'étais venu au monde au moins, il y avait du mouvement. « Des voisins ? » Mon père nous avait rejoint et regardait aussi la demeure. « Oui, il faut croire. Qui aurait pensé qu'un jour cette maison serait habitée ? » Elle entra dans la maison et on la suivait. Comme à chaque repas, ce n'était qu'une soupe. Quand on était chanceux on avait le droit aux restes de pomme de terre que l'on récoltait – la plupart était vendu pour nous faire de l'argent. Je rêvais de viande, de mets plus consistants. Nous reprîmes la route des champs après le déjeuner. L'après-midi était brûlante. Le bois de la faux me donnait des ampoules aux mains. C'était un travail très dur et je respectais énormément mon père. Nous finîmes notre tâche alors que le soleil se couchait. En rentrant à la maison on rencontra nos nouveaux voisins, venus offrir une tarte à ma mère. Mon père serra la main du père de famille et je regardais cette fille qui devait avoir le même âge que moi. « Je m'appelle Rose, enchantée. » Elle avait la voix d'un ange, des cheveux ondulés magnifiques et une jolie robe. A cet instant précis je suis tombé amoureux. « Harry. » Dis-je simplement.

« Non mais tu as vu comment il est beau ! » J'étais en train de faucher le blé sous un soleil de plomb tandis que Rose était allongée dans le champ en train de regarder un magazine. Elle avait économisé dur pour se l'offrir mais je n'en voyais pas l'intérêt. On était en 1944. Par chance j'avais échappé à la guerre, je n'étais pas assez vieux. Il m'avait manqué seulement un an. C'est dans ces moments là que je remerciais Dieu. Quand je voyais des familles effondrées par la perte d'un être cher à cause de cette guerre, je me disais que j'étais vraiment chanceux. Ma mère remerciait le ciel tous les jours de m'avoir donné naissance un an trop tard. « Plus tard, moi aussi je serai dans les magazines et on parlera de moi partout ! » Je m'arrêtais un instant en l'observant. Oui, elle aurait sa place dans ce genre de magazine tellement elle était jolie. Les années passaient et elle gagnait en beauté et pourtant je n'avais jamais réussi à me déclarer. Je comptais le faire aujourd'hui, je m'étais décidé, motivé. « Tu sais, Rose... » J'étais prêt à me lancer. J'étais confiant, sûr de moi. Elle se levait d'un coup en regardant dans le ciel. « J'ai hâte d'être demain. » Demain ? « C'est le quatre juillet ! On pourrait aller au centre de Bedford pour voir le feu d'artifice ? » Proposais-je avec un grand sourire aux lèvres. Elle se mit à rire. Pourquoi ? Mon sourire s'effaça un peu. J'étais un peu vexé de son attitude. « DEMAIN JE PARS A LOS ANGELES ! » La bombe. J'avais même lâché ma faux des mains, manquant de me sanctionner un pied. Ses paroles mirent du temps à monter à mon cerveau. Je restais hébété. « Mes parents ne veulent pas que je parte, mais moi j'ai préparé ma valise et à l'aube, je prends le train et je vais devenir une vraie star de cinéma ! » Je restais complètement stoïque, elle s'approcha de moi en riant de son rire cristallin, passa sa main dans mes cheveux. « Tu vas voir je vais être une grande star. » « C'est... génial. » Mon manque d'entrain pouvait se sentir. « Tu n'es pas content ? » Elle fit une moue boudeuse. Je repoussais son étreinte en reprenant mon outil en main. « Si très. Tu vas vivre une super vie. Tu vas être une star. » « Moi tu sais, la vie campagnarde ce n'est pas ce que je veux. Je veux des robes, des bijoux. » « Tu as raison je ne peux rien t'offrir comme ça, moi, pauvre petit fermier merdeux. » Elle me regardait en fronçant les sourcils. « Qu'est ce qui te prends ? » « Rien. » Fis-je en m'éloignant. Pourquoi je pensais avoir une chance avec elle sérieusement ? C'était stupide. Un mec comme moi ne pouvait pas être avec une fille comme elle. Le soir je restais dans ma chambre, ruminant. J'étais attristé et en colère par son comportement. J'avais le cœur en miettes.

e pris une cigarette et je l'allumais avant d'aller travailler aux champs. Je vis qu'il y avait du bruit chez les voisins. Sans doute la sœur de Rose qui faisait un caprice, comme d'habitude. Je travaillais durant toute l'après-midi, l'oncle Bob m'aidant à la tâche. A dix-huit heures je lui fis savoir qu'il pouvait partir tranquillement et que j'allais finir. « Toujours dans ton petit champ. » Cette voix. Je me crispais avant de me retourner. Elle était là. Devant moi. Elle portait une jolie robe et ses cheveux avaient poussés depuis la dernière fois que je l'avais vu. « Tu m'as manqué. » Elle me sourit en disant ces mots. « Ah bon ? Pourtant je n'ai jamais eu de nouvelles de toi. » Silence. Je repris mon travail. « Pourquoi tu es méchant ? » Je ne répondis rien. Il fallait que je fasse comme si elle n'existait pas. « J'ai appris que tu sortais avec miss Swan débile ? » Je lâchais mon outil, me retourna vers elle et me mit à sa hauteur en la fusillant du regard. « Elle n'est pas débile. » « C'est mignon, tu es vraiment amoureux. » Elle passa sa main sur ma joue. « Je pensais que tu étais amoureux de moi. » Deuxième silence. Je la fusillais du regard. « Oui je l'étais, mais tu t'es bien moqué de moi et de toute manière, je suis qu'un fermier merdeux pour toi. » « Ne dis pas ça. Tu n'es pas content pour moi ? » « Très ! Il paraît que tu es une star de cinéma, tu as réalisé ton rêve. » « Tu n'as pas l'air très content. » « MERDE ROSE TU CROIS QUOI ?! TU ES LA AVEC TES GRANDS AIRS DE PRINCESSE DEVANT UN MONDE PAUVRE ET TU PRENDS TES AIRS DE REINE EN TRAITANT MA PETITE AMIE DE DEBILE TOUT CA CAR JE NE SUIS PAS ASSEZ CON POUR RAMPER A TES PIEDS! » C'était sorti tout seul et je vis des larmes perler au coin de ses yeux. « TU ES CRUEL ! » Elle partit en courant. Superbe actrice, ça je ne pouvais pas le nier.

Mon père n'avait pas survécu. La tristesse avait remplie la demeure familiale. J'étais à présent l'homme de la maison comme ma mère disait. J'étais le patron de l'exploitation. Swan était toujours ma petite amie et on allait même se marier. Il était tard, la nuit était en train de tomber. Je ramassais mes outils et fermait le hangar avant d'entendre des sanglots non loin. Je marchais dans les champs avant de voir Rose. Je ne savais pas qu'elle était rentrée. « Rose ? » Ele s'était retournée. Son maquillage avait coulé. J'étais à deux doigts d'éclater de rire mais je me retins. Elle me regarda avant de commencer à marcher vers sa maison. « Rose ! » Je la rattrapais en lui prenant le bras. Elle me repoussa. « Lâche-moi et va voir ta magnifique fiancée ! Félicitations hein ! » « Pourquoi tu pleures ? » Elle me toise du regard. « Qu'est ce que ça peut te faire ? » « Pourquoi tu es ici ? Tu n'as pas de travail ? » Elle rit. « Bien sûr que si ! Je prends juste des vacances ! » Plusieurs mois c'est long comme vacances quand même... Enfin bon, peut-être que les acteurs peuvent prendre beaucoup de temps libre. Qu'est ce que j'en savais après tout ! Elle part, rentre chez elle, je reste là un moment à la regarder s'éloigner. Je tournais les talons, décidant de faire de même et je rentrais chez moi.